Daniel Pimbé, L'explication interdite, Essai sur la théorie de la connaissance de Karl Popper, L'Harmattan, collection "Ouverture philosophique", avril 2009

 

SYNOPSIS DU LIVRE 

            Une curieuse interdiction est au centre de ce que Popper nomme « théorie de la connaissance » : l’interdiction d’expliquer pourquoi nous réussissons dans nos tentatives pour comprendre la réalité. Popper donne de cette interdiction deux motifs apparemment incompatibles : le premier est qu’il n’y a en fait aucune réussite à expliquer, le second est que notre réussite est un fait par principe inexplicable. Il ne parle évidemment pas de la même réussite dans les deux cas. Ce qui n’existe pas pour Popper, c’est la réussite qui rendrait notre connaissance « certaine », ou « probable ». Expliquer pourquoi et comment nous atteignons de tels objectifs, ce serait expliquer trop, puisqu’ils sont inaccessibles, et prouver trop, puisqu’ils sont également indésirables. C’est pour le philosophe une exigence cruciale de ne pas expliquer ni prouver trop, de comprendre que l’intérêt de la connaissance tient à son incertitude, à son improbabilité, à la falsifiabilité des conjectures humaines. Du même coup, notre seule véritable réussite lui apparaîtra, car une conjecture ne peut risquer d’entrer en conflit avec le monde que si elle est d’avance assez pertinente pour cela. Voilà la réussite que Popper reconnaît comme un fait : celle qui rend les hommes capables d’échouer avec pertinence, et de commettre des erreurs plus fécondes à mesure qu’ils progressent. Or il s’agit d’un fait étrange, d’un fait qu’on ne pourrait pas expliquer sans, de nouveau, prouver trop. La croissance de notre savoir s’apparente aux phénomènes dans lesquels une nouvelle réalité, irréductible à la précédente, émerge inexplicablement. Si l’on qualifie de miraculeux ces phénomènes d’émergence, il faut dire alors, estime Popper, que la connaissance humaine est « le plus grand miracle de notre univers ».

            Il n’y a donc aucune exception à l’interdiction d’expliquer notre réussite. Lorsque cette réussite est imaginaire, on prouve évidemment trop du fait qu’on l’explique, et lorsqu’elle est véritable il faudrait prouver trop pour parvenir à l’expliquer. Dans le premier cas, les explications proposées sont excessives par rapport à la réalité de la connaissance humaine ; dans le second, c’est la réalité de la connaissance humaine qui s’avère excessive par rapport aux explications qu’une théorie adéquate pourrait formuler. Nous nous proposons de suivre le chemin qui conduit du premier excès au second.  

 

 

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